François Xavier
C’est un coup de tonnerre sous les ors de la République. Pour la première fois dans l’histoire parlementaire, l’Assemblée nationale a voté à l’unanimité l’exclusion temporaire de deux députés – Andy Kerbrat (LFI) et Christine Engrand (ex-RN) – pour usage personnel frauduleux de leur avance de frais de mandat (AFM). Une sanction historique, accompagnée d’une privation de moitié de leur indemnité parlementaire pendant deux mois.
« Les faits commis […] ne doivent pas jeter l’opprobre sur l’ensemble de la représentation nationale », a lancé depuis le perchoir Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée, saluant une décision unanime du bureau de l’institution.
Le scandale avait éclaté fin 2024, après des révélations de Mediapart. Le député LFI Andy Kerbrat est accusé d’avoir détourné des fonds publics pour financer sa consommation de 3-MMC, une drogue de synthèse. Contrôlé dans le métro parisien lors d’un achat en octobre, il avait fini par reconnaître une addiction grave. Sur X, il plaide la « mauvaise gestion » et assure avoir remboursé 95 % des sommes, tout en niant avoir utilisé son indemnité pour se procurer des stupéfiants.
De son côté, Christine Engrand a été exclue du RN en mars 2025, après que le déontologue de l’Assemblée a révélé qu’elle avait payé, via son compte AFM, un abonnement à un site de rencontres et des frais de gardiennage pour chiens. Elle a, elle aussi, remboursé l’intégralité des sommes.
Les deux députés sont désormais suspendus pour quinze jours de séance, interdits de toute activité parlementaire pendant cette période.
Pour Yaël Braun-Pivet, cette sanction marque un tournant : « C’est la première fois qu’une telle décision est prise pour manquement au code de déontologie. » Un signal fort, envoyé à tous les bancs de l’hémicycle, dans une volonté affirmée de restaurer la probité et l’exemplarité de la vie politique française.
