L’ancien ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Issa Tchiroma Bakary, ne mâche plus ses mots. Après avoir passé près de deux décennies dans les arcanes du pouvoir, le président du Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC) a décidé de prendre ses distances avec le régime qu’il a longtemps soutenu. À 74 ans, celui qui fut également ministre de la Communication a annoncé officiellement sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2025, dans un tournant politique aussi inattendu que spectaculaire.
Mais cette reconversion vers l’opposition semble déjà semée d’embûches. Le jeudi dernier, alors qu’il devait embarquer pour Dakar depuis l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen, Issa Tchiroma affirme avoir été interdit de sortie du territoire national. Un commissaire de police lui aurait signifié que l’ordre émanait directement de la Présidence de la République, sans autre forme de procédure. Une mesure qu’il qualifie ouvertement de « persécution politique ».
Invité sur le plateau de Renaissance TV ce vendredi, face au journaliste Romaric Tenda, l’ancien membre du gouvernement a livré une série de révélations troublantes sur son expérience au sein du pouvoir. La plus marquante : « En vingt ans passés au gouvernement, je n’ai été reçu qu’une seule fois en audience par le président Paul Biya », a-t-il déclaré, visiblement amer. Il précise toutefois avoir croisé le chef de l’État à l’occasion de cérémonies protocolaires comme les célébrations du 20 mai ou lors de voyages officiels, mais jamais dans un cadre de travail sérieux.
Plus grave encore, Issa Tchiroma déplore qu’aucun véritable conseil des ministres ne se soit tenu pendant toute cette période, soulignant ainsi un fonctionnement institutionnel qu’il juge défaillant.
Désormais candidat à la magistrature suprême, Issa Tchiroma lance un appel à une large coalition politique pour faire barrage au régime en place. En tournant la page de son engagement gouvernemental, il semble bien décidé à régler ses comptes, tout en se positionnant comme une alternative crédible à un pouvoir qu’il critique désormais frontalement.


