David Marius
L’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, ne pourra plus arborer la célèbre rosette rouge de la Légion d’honneur. Par un arrêté publié ce dimanche 15 juin 2025 au Journal officiel, il a été officiellement exclu de l’ordre de la Légion d’honneur ainsi que de l’ordre national du Mérite, conséquence directe de sa condamnation définitive à une peine d’un an de prison ferme dans l’affaire des écoutes.
Ce retrait, automatique dans le cas d’une condamnation pénale définitive assortie d’une peine d’au moins un an d’emprisonnement ferme, a été signé par le Grand chancelier de la Légion d’honneur, le général François Lecointre. En perdant ces distinctions, Nicolas Sarkozy devient le second ancien chef d’État français à être ainsi sanctionné. Le précédent remonte à 1945, lorsque Philippe Pétain fut déchu de la Légion d’honneur après sa condamnation pour haute trahison à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.
L’affaire qui a conduit à cette exclusion remonte à 2014. Nicolas Sarkozy, alors ancien président, a été reconnu coupable d’avoir tenté de corrompre un magistrat, Gilbert Azibert, en échange d’informations confidentielles dans un dossier judiciaire le concernant. L’opération, orchestrée avec la complicité de son avocat Thierry Herzog, avait été révélée par des écoutes téléphoniques. Tous trois ont été condamnés à trois ans de prison, dont un ferme, peine confirmée en appel puis rendue définitive par la Cour de cassation en décembre 2023.
Ce retrait de distinction, bien que prévu par les textes, n’a pas manqué de susciter des remous dans la classe politique. De nombreuses voix à droite ont dénoncé une décision jugée sévère, et même le président Emmanuel Macron avait exprimé des réserves en avril dernier, estimant que cette mesure ne serait « pas une bonne décision ».
Malgré ces protestations, la règle a été appliquée avec rigueur. Les deux autres condamnés dans cette affaire, Gilbert Azibert et Thierry Herzog, sont également déchus de leurs distinctions honorifiques selon le même arrêté.
Ce retrait marque un tournant dans l’histoire politique récente de la France et symbolise la volonté d’associer les plus hautes distinctions de la République à une exemplarité irréprochable.
