
« Mon souhait le plus cher est que tu sois personnellement touché par le prochain meurtre qui va arriver demain. Ce jour-là, tu changeras et la France avancera dans la sécurité ». Voilà en substance l’e-mail envoyé à six députés morbihannais : Damien Girard, député de Lorient, Jean-Michel Jacques, député d’Hennebont, Anne Le Hénanff, députée de Vannes (et, actuellement, ministre déléguée à l’Intelligence artificielle et au Numérique), Nicole Le Peih, députée de Pontivy, Paul Molac, député de Ploërmel, et Jimmy Pahun, député de Port-Louis.
L’auteur du message comparaissait, ce lundi 3 novembre, devant le tribunal de Lorient : un retraité né en 1938, poursuivi pour outrage à personne dépositaire de l’autorité publique et menace, violence ou acte d’intimidation envers un élu public pour qu’il accomplisse ou s’abstienne d’acte de mandat, commis le 11 juin 2025, à Ploeren, là où réside le prévenu.
« Pour créer de l’émotion et que les choses changent »
S’il conteste les menaces de mort, il reconnaît être l’auteur de l’e-mail. « C’était pour passer un message. Pour créer de l’émotion. Pour que les choses changent et que les élus modifient la loi dans un sens sécuritaire », expliquait-il aux enquêteurs lors de sa garde à vue. Touché, aussi, par le meurtre d’une surveillante de collège à Nogent (Haute-Marne), le retraité a, dans les semaines qui ont suivi, envoyé un message d’excuses aux parlementaires concernés.
« Ce n’est pas quelqu’un d’extrême droite, plaide l’avocat du prévenu, absent à l’audience. Il a été influencé par Damoclès, ce média qui cherche ses proies pour dénoncer le laxisme de l’État. C’est quelqu’un de fragile, avec certes une corde sensible, la peur, que ce groupuscule transforme en haine ».
« Jouer sur la peur est terrifiant »
« Aurait-il tenu ces propos les yeux dans les yeux ?, interroge le vice-procureur. Qu’il ait des convictions, qu’il souhaite une justice plus répressive, c’est son droit de citoyen mais ces courriels peuvent avoir des effets délétères. Jouer sur la peur et les émotions est terrifiant. On ne doit pas admettre ce genre de comportement. Qu’il ne participe pas à la violence qu’il dénonce ».
Suivant les réquisitions du représentant du parquet, le tribunal a condamné l’octogénaire, au casier judiciaire vierge, a quatre mois de prison avec sursis.