Un an après l’accident, Mickaël « va mieux, c’est sûr ». L’écharpe qui lui maintenait l’épaule a disparu. Une cicatrice lui barre désormais la peau. « Il y a aussi un trou. » La reconstruction a été lente. Comme un vieux souvenir, une douleur revient parfois, « comme des piqûres, quelques secondes. Et j’ai encore mal quand je lève des objets. Mais, je ne vais plus chez le kiné depuis un mois ».
Aujourd’hui encore, je regarde les ponts. Je sais que j’aurai ça dans la tête pour toujours. C’est un truc de fou
Le quinquagénaire l’avoue, il a eu de la chance. « Je me serais décalé un peu, j’aurais terminé pareil. Des personnes m’ont dit que j’étais un miraculé. » Pour autant, s’il concède aller mieux, il n’a toujours pas repris le travail. « Ça fait un an que je suis arrêté. Je passe devant la médecine du travail le 3 novembre. J’espère reprendre, pour me vider la tête. »
Une appréhension au volant
C’est surtout mentalement que la marche a été la plus haute pour Mickaël. Ses rendez-vous chez le psychologue se sont arrêtés récemment. « J’ai mis un peu de temps avant de reconduire. Je prenais la voiture de ma compagne pour aller chez le kiné, mais sur de petites distances. » Puis la nuit, le doute revenait. « Je me mettais à l’arrière, dans la voiture. Sinon j’étais…, bloque Mickaël, comme crispé. Aujourd’hui encore, je regarde les ponts. Je sais que j’aurai ça dans la tête pour toujours. C’est un truc de fou. » « Il a mis six mois avant de passer sous un pont. Il a mis du temps à dormir la nuit aussi. Il prenait des cachets pour dormir », confirme sa compagne, Laetitia.
Comme pour exorciser l’accident, le couple s’est rendu sur les lieux du drame, il y a trois semaines. « Il y avait une banderole en hommage à William », poursuit Laetitia. « On pense à la famille, c’est sûr. Notre fille a le même âge. »
« Je n’ai plus d’espoir »
Pour oublier l’accident, Mickaël espère que la lumière sera faite sur l’affaire. Sa voiture se trouvait encore sous scellé en mars. « Le procureur nous a appelés, il y a une dizaine de jours, pour nous dire qu’elle était dans un garage », dévoile Laetitia. Si le couple souhaite avancer, il reste bloqué dans les démarches. Ils ont fait appel à une avocate pour les aider, notamment auprès de la Civi, le Fonds de garantie des victimes, pour obtenir des dommages et intérêts. « On s’est fait refuser deux fois notre dossier. On a dû acheter une autre voiture avec notre argent. »
Je n’y crois plus. Je n’ai plus l’espoir qu’ils retrouveront les personnes qui ont fait ça
Concernant l’enquête, le couple reste dans le flou. « On a très peu de nouvelles », confirme Laetitia. « On avait une piste, qu’on leur avait donnée une fois, mais je crois que ça n’a rien donné, ajoute Mickaël. Le copain de ma fille fait du rink-hockey. Il était à l’entraînement. Un de ses collègues avait eu connaissance qu’un jeune qu’il connaissait s’était vanté d’avoir été à l’origine de l’accident. Ils savent qu’ils étaient deux, c’est certifié ça. »
Le procureur de la République affirme, de son côté, que « les investigations sont toujours en cours. Le parquet reste très mobilisé sur ce dossier et a récemment cosaisi la section de recherches de la gendarmerie ». Plus pessimiste, Laetitia avoue : « Je n’y crois plus. Je n’ai plus l’espoir qu’ils retrouveront les personnes qui ont fait ça ».
