
Elle a appris la nouvelle dans nos colonnes, tard ce dimanche 2 novembre 2025, et cela lui a valu une insomnie. « Un ami m’a transmis votre article à minuit, je n’ai pas dormi de la nuit », rembobine Noëllie Le Pallec, propriétaire des murs de la boutique En Aparté, située 18, rue du Fil, couverts de plusieurs croix gammées ce week-end. Ont suivi une dizaine de textos d’alerte des uns et des autres. Aucun, ni même un appel, de la part du maire de Locminé, Grégoire Super*, – contrairement à ce que l’édile avait confié à la presse – assure la Vannetaise, « révoltée », qui voit en ces symboles antisémites, « une forme de réponse » au précédent tag, « d’origine arabe », découvert le 24 octobre.
François Picaut, propriétaire des murs de l’agence d’intérim Partnaire, en face, également visés, confirme : « Il dit nous avoir appelés mais c’est calomnieux. Et c’est ça qui a mis le feu aux poudres ».
« Garder ça sur un commerce, ce n’est pas une fierté »
Ce lundi matin, Noëllie Le Pallec contacte donc la mairie. Qui la renvoie vers un adjoint, « qui m’a lui-même dit que le maire ne ferait rien ». La propriétaire prend alors les devants et fait intervenir une entreprise de nettoyage, « car garder ça sur un commerce, ce n’est pas une fierté », qui ne parvient pas à retirer les inscriptions. Avant de se rendre compte, avec François Picaut, qu’un texte de loi existe et exige une action du maire. En effet, conformément à l’article L. 2 122 du Code général des collectivités territoriales, « le maire doit enlever, y compris d’office, de tels graffitis à caractère antisémite, raciste […] afin de faire cesser les troubles sérieux que de telles incitations publiques à la haine, à la violence ou à la discrimination peuvent générer ».
« On se verra au tribunal »
Le propriétaire des murs de l’agence d’intérim décide donc de joindre Grégoire Super, ce mardi matin. « Je l’ai appelé à 7 h 30 ». Le renvoie à ses dires dans la presse, qu’il infirme, ainsi qu’à ce fameux texte de loi. « Il me dit : il n’y a pas de problème, on se verra au tribunal, et me raccroche au nez », se désole François Picaut, qui a finalement porté plainte contre le premier édile, « pour non-respect de ses obligations », à la gendarmerie de Baud, vers 10 h. Résultat, « un peu avant midi, il a envoyé deux gars de la mairie prendre les cotes ». Les travaux seront donc finalement exécutés. « Il a fallu que je porte plainte et qu’il voit ça dans la presse pour que ce soit fait ».
De son côté, Noëllie Le Pallec a, à nouveau, déposé plainte contre X, et déplore, comme François Picaut, l’absence de caméras de surveillance effectives dans la commune.
*Contacté ce mardi 4 novembre, le maire de Locminé, Grégoire Super, n’a pas répondu à nos sollicitations.