« Elle n’a pas fait appel », selon Me Alexandre Valois. Elle est la première femme condamnée à cette peine, la plus sévère prévue par le Code pénal français. Cette condamnation est ainsi devenue définitive depuis mardi minuit, à l’expiration du délai légal de dix jours dont elle disposait.
L’horreur du crime, commis dans un appartement du XIXe arrondissement de Paris, avait suscité l’effroi. Le meurtre avait également déclenché une polémique, Dahbia Benkired, une ressortissante algérienne, étant sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) au moment des faits.
La famille de l’enfant a toujours rejeté les tentatives d’exploitation politique du crime.
Un aménagement de peine possible
La « perpétuité réelle », c’est-à-dire une peine de réclusion criminelle à perpétuité sans possibilité de demander un aménagement de peine, a été instaurée en 1994.
La justice antiterroriste en a prononcé plusieurs, mais elle n’avait jusqu’alors été prononcée qu’à quatre reprises pour des meurtres d’enfants, contre Pierre Bodein, Michel Fourniret, Nicolas Blondiau et Yannick Luende Bothelo.
Les personnes condamnées à cette peine peuvent demander au bout de trente ans à la justice de revenir sur cette impossibilité de demander un aménagement de peine, selon des conditions draconiennes, ce qui n’est qu’un préalable à un éventuel processus. Bodein sera le premier à pouvoir l’engager, en 2034, à 86 ans.
La semaine dernière, sur RTL, la mère de la victime, Delphine Daviet, avait dit « espérer » que la meurtrière renonce à un appel, ne voulant « pas revivre » de nouveau procès.
« On croyait à la justice et on l’a eue »
L’audience de six jours en octobre avait exposé l’horreur du supplice vécu par l’enfant, sans que l’accusée ne livre de véritables réponses quant au processus qui l’a fait passer à l’acte.
À l’époque âgée de 24 ans, marquée par une précarité sociale certaine, Dahbia Benkired vivait par intermittence chez sa sœur, dans un immeuble du XIXe arrondissement de Paris. Le 14 octobre 2022, elle avait attiré sous la contrainte Lola, la fille des gardiens de la résidence, dans son appartement.
Dans un huis clos de 97 minutes, elle l’a ensuite violée, torturée puis tuée en lui obstruant les voies respiratoires avec du ruban adhésif.
S’en était suivie une fuite erratique, chargée d’une malle dans laquelle elle avait placé le corps de la fillette. « On croyait à la justice et on l’a eue », avait déclaré Mme Daviet après le verdict.
Dans une tribune parue dans Libération, cinq avocats pénalistes – qui ne sont pas intervenus dans le procès Benkired – ont comparé « la perpétuité réelle » à « une peine de mort qui ne dit pas son nom » : « passagère clandestine de l’abolition (de la guillotine), la perpétuité réelle est devenue l’ersatz de la peine capitale, le visage convenu de la mort judiciaire. »
