François Xavier
Le débat avait été lancé en 2019, puis abandonné en 2020. La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, plaide ce jeudi pour le relancer : celui sur la retraite par points, en cas de suspension de la réforme. Le thème semble au cœur des négociations autour de la nomination du futur Premier ministre. Mais de quoi parle-t-on ?
Dans le système par répartition, les travailleurs cotisent pour financer les retraites de leurs aînés. A l’inverse, dans le système par capitalisation, ce sont les travailleurs eux-mêmes qui cotisent pour leur propre retraite. Le modèle français de retraite, fondé en 1945 en même temps que la Sécurité sociale, repose sur une solidarité intergénérationnelle entre actifs et retraités et une solidarité sur des critères socioprofessionnels.
Régime identique dans l’UE, mais modes de calculs différents
Comme la France, toute l’Union européenne a adopté un régime de retraite par répartition, avec des systèmes mixtes : les retraites sont à la fois financées par les revenus des travailleurs et par l’État, qui garantit un revenu minimum aux plus démunis. Mais différents modes de calcul sont utilisés pour définir le montant des pensions de base. En France, il repose principalement sur la durée de cotisation (le nombre de trimestres travaillés), le taux d’annuité (variable selon l’âge de départ) et le salaire de référence. Ce régime en annuités est en vigueur dans quatorze autres pays de l’UE (Belgique, Espagne…).
Mais il existe d’autres modes de calcul : les comptes notionnels (en Italie ou au Danemark par exemple) et les retraites à points (en vigueur en Allemagne ou en Roumanie). Dans ce dernier système, le montant de la retraite dépend du nombre de points accumulés tout au long de sa vie professionnelle, de la valeur attribuée à chaque point (généralement déterminé par les partenaires sociaux) et de l’âge de départ. Plus le nombre de points est élevé, plus la pension de retraite est élevée. Les régimes à points sont dits contributifs. La pension est directement proportionnelle aux cotisations versées pendant sa vie professionnelle.
« Je considère qu’un système de retraite construit autour d’un âge légal est profondément injuste », assène la patronne de la CFDT. « La retraite par points est un système où il n’y a pas besoin d’âge légal ». On « prévoit des âges de possibilité de départ et les personnes ont la main sur l’âge auquel elles veulent partir et du montant de la pension dont elles veulent bénéficier. […] C’est un régime universel qui permet notamment à ceux qui font des allers-retours entre le public et le privé d’avoir une équité de traitement », ajoute-t-elle.
Notre dossier sur la retraite
Ce système permet aussi une « reconnaissance de la pénibilité » et « les spécificités des femmes qui ont des maternités », fait valoir Marylise Léon. « On a besoin de débat sur les retraites qui nous sortent un peu de cette question de l’âge. […] Les gens ont besoin et envie de pouvoir décider de certaines choses, et notamment du moment où ils partent en retraite ».
