
« Je me suis fait voler les médailles militaires de mon père. Ce n’est pas une question de valeur, mais vous comprenez l’importance, livre l’une des victimes de la longue série de cambriolages imputée aux deux prévenus jugés ce vendredi 10 octobre 2025 par le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc. Je n’ai pas de haine, je voudrais juste retrouver ma situation d’avant et être remboursé. » Tour à tour, les parties civiles sont venues lister les objets en tout genre dérobés chez eux, dans une vingtaine de communes des Côtes-d’Armor, entre mars 2024 et août 2025. Porcelaine de Quimper, bijoux en or, électroménager, tablette, TV, friteuse, argent liquide, montre, alcool…
Mais au-delà des pertes matérielles, des fenêtres cassées, portes forcées et autres maisons retrouvées retournées, ce sont surtout les répercussions mentales, psychologiques qui transparaissent dans le discours de ces particuliers. « Moi je suis sous anxiolytiques depuis ça », témoigne l’une des 60 victimes du dossier. « Ma mère a été extrêmement choquée, livre une autre victime au nom de sa mère, décédée depuis les faits. Elle venait de perdre son mari, nous nous apprêtions à fêter Noël… Je pense que ces faits ont contribué à sa maladie. » À chaque fois, le trio de cambrioleurs – l’un court toujours – pistait les résidences secondaires ou temporairement inoccupées.
« Ça vous détruit »
Costarmoricaine elle aussi, une autre plaignante annonce même ne plus vouloir se constituer partie civile. « J’ai fait une grosse dépression depuis ça, pose-t-elle. Ces personnes-là détruisent la vie des gens honnêtes. Dans l’état où était ma maison… Tout a été mis en l’air, tous les souvenirs de mon mari décédé. Ça vous détruit, et ça, c’est inacceptable. J’essaie de m’en sortir, mais c’est difficile. » Les prévenus, deux Géorgiens âgés de 25 et 36 ans, n’auront aucun mot pour les victimes durant l’audience. On leur reproche une soixantaine de cambriolages et tentatives de vols mais le dossier comprend, en incluant leur comparse en fuite, plus de cent faits.
Le plus jeune reconnaît avoir, moyennant un véhicule, été le chauffeur lors des vols. Un habitant de Saint-Brieuc qui l’a par le passé hébergé décrit ce père de deux jeunes enfants, sans casier judiciaire, comme « quelqu’un de bien qui a craqué à cause de problèmes financiers ». « Il a été manipulé, il a perdu pied », plaide son avocate, Me Virginie Louis-Bole. Le tribunal l’a condamné à 18 mois de prison avec sursis.
Le trentenaire, Lasha Sakhelashvili, déjà condamné à deux reprises pour d’autres vols, réside à Guingamp et était à lui seul soupçonné de 48 des 60 faits jugés ce vendredi par le tribunal. Il a été relaxé pour trois faits et reconnu coupable de tous les autres. Il a été condamné à deux ans de détention et dix mois de précédents sursis ont été révoqués et viennent s’ajouter à cette peine. Il aura interdiction définitive de paraître en France à l’issue de sa détention.